Les fleuves de sang des nations sont la mémoire des peuples
La glèbe de tous les continents abreuvée au sillon
Rend aux familles leurs enfants en grains nourriciers
La terre des cimetières est gavée
D'un ferment de vie qui ne servira pourtant plus
Les vieillards qui ont connu le fracas des guerres
Déversent sur le sol le sel de leurs larmes
Pour que jamais ne repousse l'ivraie belliqueuse
Mais la source du sang irrigue toute terre
Et fait sans cesse refleurir les pensées haineuses
Les fleuves de sang des religions colorent les demeures du divin
Les cadavres s'empilent sur les flèches des cathédrales
Les corps démantibulés roulent sur les toits des lieux saints
Leurs dômes arrogants se dressent vers le ciel
Comme des seins de prostituées
Leurs envers sont des orbites
Aux regards tournés vers le centre de ces temples masculins
Comme pour rappeler à la femme son insigne beauté
Qu’elle ne devrait vivre qu’allongée
Ou la profondeur de son jugement
Qu’elle ne saurait dispenser que les yeux tournés vers le sol
Et les larmes de son corps rougissent l'étoffe blanche
Du vêtement d'apparat qu'un dieu lui fait porter
Les fleuves de sang des condamnations masquent les égouts de nos sociétés
L'impartialité de nos juges s'échafaude sur la somme de ce que nous condamnons
Et ils ne condamnent que ce que nous sommes aujourd'hui
Car la vérité n'existe pas
Les étrons de nos cœurs impavides sont emportés
Par cette force de nos mœurs
Si riches de sens et si pauvres de compassion
Ils rejoignent la lie du genre humain
Qui expie notre faute collective et nous sauve par sa bassesse
Reflet malheureux de notre piété publique et vengeresse
Les fleuves de sang des passions charrient toutes les lâchetés
De ceux qui veulent faire rimer crime et suicide
Avec amour et honneur
La main qui porte le coup est devenue
L'ectoplasme de la douleur
Les plaies refermées du passé
Brûlent de l’intérieur
De peur de les voir ressurgir
Ils ne veulent pas regarder leur propre nudité
Et croient pouvoir la couvrir - fausse pudeur
En la revêtant du manteau pourpre du malheur
Les fleuves de sang des malédictions noient la parole des familles
Le cœur du plus ancien a été scindé sans jamais se ressouder
Les fils ne disent pas à leurs fils ce que leur père ne leur a pas dit
Les filles cachent à leurs filles ce que leur mère leur a caché
La fêlure de la lignée se perpétue
Comme eux leurs descendants cherchent ce morceau de cœur égaré
Qui le leur dira ?
« Qui nous le dira ? » chantent les enfants perdus sans le savoir
Seul celui qui saura bien le dire trouvera le chemin de guérison
Et pourra changer l'épais sang noir en une subtile sève vermillon
Les fleuves de sang des contritions irriguent la culpabilité des enfants
Dont le cœur au supplice s'éclipse sous le cilice
Comme un soleil voilé par le spectre de la honte
Ils sont gavés de pénitences en rêvant de pomme d'amour
L'intarissable flot des fautes à commettre transporte
Chaque jour sa ration de péché originel
Qui ne pourra se diluer que dans un flot plus grand encore de repentir
Et son corollaire de mensonge que rien ne saurait ralentir
Les fleuves de sang des nations sont la mémoire des peuples
La glèbe de tous les continents abreuvée au sillon
Rend aux familles leurs enfants en grains nourriciers
La terre des cimetières est gavée
D'un ferment de vie qui ne servira pourtant plus
Les vieillards qui ont connu le fracas des guerres
Déversent sur le sol le sel de leurs larmes
Pour que jamais ne repousse l'ivraie belliqueuse
Mais la source du sang irrigue toute terre
Et fait sans cesse refleurir les pensées haineuses
Les fleuves de sang des religions colorent les demeures du divin
Les cadavres s'empilent sur les flèches des cathédrales
Les corps démantibulés roulent sur les toits des lieux saints
Leurs dômes arrogants se dressent vers le ciel
Comme des seins de prostituées
Leurs envers sont des orbites
Aux regards tournés vers le centre de ces temples masculins
Comme pour rappeler à la femme son insigne beauté
Qu’elle ne devrait vivre qu’allongée
Ou la profondeur de son jugement
Qu’elle ne saurait dispenser que les yeux tournés vers le sol
Et les larmes de son corps rougissent l'étoffe blanche
Du vêtement d'apparat qu'un dieu lui fait porter
Les fleuves de sang des condamnations masquent les égouts de nos sociétés
L'impartialité de nos juges s'échafaude sur la somme de ce que nous condamnons
Et ils ne condamnent que ce que nous sommes aujourd'hui
Car la vérité n'existe pas
Les étrons de nos cœurs impavides sont emportés
Par cette force de nos mœurs
Si riches de sens et si pauvres de compassion
Ils rejoignent la lie du genre humain
Qui expie notre faute collective et nous sauve par sa bassesse
Reflet malheureux de notre piété publique et vengeresse
Les fleuves de sang des passions charrient toutes les lâchetés
De ceux qui veulent faire rimer crime et suicide
Avec amour et honneur
La main qui porte le coup est devenue
L'ectoplasme de la douleur
Les plaies refermées du passé
Brûlent de l’intérieur
De peur de les voir ressurgir
Ils ne veulent pas regarder leur propre nudité
Et croient pouvoir la couvrir - fausse pudeur
En la revêtant du manteau pourpre du malheur
Les fleuves de sang des malédictions noient la parole des familles
Le cœur du plus ancien a été scindé sans jamais se ressouder
Les fils ne disent pas à leurs fils ce que leur père ne leur a pas dit
Les filles cachent à leurs filles ce que leur mère leur a caché
La fêlure de la lignée se perpétue
Comme eux leurs descendants cherchent ce morceau de cœur égaré
Qui le leur dira ?
« Qui nous le dira ? » chantent les enfants perdus sans le savoir
Seul celui qui saura bien le dire trouvera le chemin de guérison
Et pourra changer l'épais sang noir en une subtile sève vermillon
Les fleuves de sang des contritions irriguent la culpabilité des enfants
Dont le cœur au supplice s'éclipse sous le cilice
Comme un soleil voilé par le spectre de la honte
Ils sont gavés de pénitences en rêvant de pomme d'amour
L'intarissable flot des fautes à commettre transporte
Chaque jour sa ration de péché originel
Qui ne pourra se diluer que dans un flot plus grand encore de repentir
Et son corollaire de mensonge que rien ne saurait ralentir