A l’aurore je m’endors, au soir je m’éveille
Je ne vis que pour cette mort qu’est dit-on le sommeil
Je parcours le monde, mes rêves sur le dos
Et ne m’assoupis qu’en les laissant au porte-manteau

La muse gueule
Sa gueule m’amuse
Elle m’engueule
Est-ce-que je gueule moi
(Elle me gueule dessus)
J’emmerde la muse
Qu’est-ce qu’elle gueule cette conne
Je ne peux pas dormir
Je dors mal

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Pas encore endormi et déjà plus éveillé
L’homme assoupi perd sa réalité
Maintenu par un fil son corps éphémère
Laisse son esprit s’échapper dans l’éther

Chaque soir au coucher débute mon combat
Chaque nuit, tiraillé et empêtré, j’esquive
J'espère feinter mes pensées, sur le qui-vive
Je vois avec effroi, approchant à grands pas :

Laids et mordants, les démons de mon enfance
Sifflantes et vilaines, mes hontes d’hier
De pâles lendemains - à peine découverts
Ils s'ouvrent déjà sur des chemins de souffrance

Plutôt qu’avec moi-même, comme je voudrais
Avoir à lutter un jour contre le sommeil
Et j’attendrai, confiant, le marchand de sable

Plutôt que me défendre, je me laisserai
Surprendre… Doucement extrait de mon éveil
Je rejoindrai un halo de rêves aimables

Un cul, mais quel cul !
On y poserait la tête.

Les plumes de mon oreiller
Se glissent dans les pages de mon livre
La plume des poètes dessine ses mots
Dans mes pensées du soir

On voit d’abord une confidence faite sur l'oreiller
après les ébats qu'évoque ce traversin dressé.
Lorsqu'il retombe, c'est un rêve qu'on oublie.
Le souffle court j'attends son retour, son élévation tranquille,
la sereine désignation qu'il me fait du ciel,
des étoiles, des rêves qui s'y mêlent
et avec lesquels je renoue
le cœur gonflé d'amour.
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En suspension un instant où je crois que l'éternité m'embrasse,
je me prépare pourtant à atterrir doucement
au rythme que m'impose un ventilateur
dont la temporisation m’a fait croire un moment
à la confiante respiration du dormeur.