Hommes et femmes avancent en procession à la rencontre du seigneur
Femme ou homme et sa seigneurie de principes
Ils avancent au rythme de fluteaux et tambourins improvisés
Comme des enfants, à la rencontre du seigneur
Mais le seigneur ne raconte pas, il dévoile
Le seigneur n'effraie pas, il suscite
Le seigneur ne pleure pas, il lisse le temps
Femmes et hommes avancent en procession à sa rencontre
Homme ou femme et sa seigneurie de principes
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Les éclats de voix de ses sujets
Attirent son attention
Mais ne déconcentrent pas
Le seigneur des palabres
Car il écoute en lui-même
Le son de leurs véritables détresses

Enveloppé du brouhaha
Le seigneur des compréhensions
Accapare le silence
Pour que ne soient plus troublés
Les instants qu'il a choisi

Le seigneur des tempêtes
Se nourrit des ovations et du fracas des cris
Il veut crier plus fort encore
Son souffle renforce malgré tout ses sujets
Car il les rend incontestables
Même à leurs propres yeux

Quand la voix du seigneur des murmures
Devient compréhensible
Le monde n'a plus besoin d'être sage
Il a été entendu suffisamment
Et peut se délasser
Comme à l'écoute d'un chœur gracieux
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Le seigneur des délices
A tapissé les chemins du monde
De pétales de fleurs
Et de couleurs d'arc-en-ciel
Les intempéries ne sont jamais parvenues
A les disperser
Ou faire pâlir leur éclat
De tous temps et en tous lieux

Qui donc nous enchante de cette façon
S'exclament les sujets
Du seigneur des enchantements
Certains sont flagorneurs, d'autres sincères

Mais sans prémices ni forfaiture
Le seigneur des voluptés
Se complait dans l'accomplissement
Au large des incertaines tribulations
De l'ennui ou de la fatuité

Posant son regard ferme et doux
Sur le monde qui l'entoure
Le seigneur des délicatesses
Peut l'embellir en retour
Tant qu'il ne succombe pas à la paresse
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En puisant dans la souffrance et la mort
La torche du tourment balaie l'âme
Du seigneur des fantasmes
Il s'éveille en pleurant mais humblement reprend sa place
Alors se déploie comme une aile d'ange
Sa stature colossale et il rit effrontément

Ses intentions sibyllines surprennent ses sujets
Qui tentent de le raisonner
Mais le seigneur des audaces
Les pétrifie d'un regard lointain et lumineux
Comme s'il voyait au-delà du fiasco annoncé
Et ils se recroquevillent en maugréant

Le seigneur des transformations
Ne voit pas sa fin car ses mues
Lui suffisent à chaque fois
Comme à ceux qui le regardent
Il leur ouvre la voie sans se retourner
Et ils le suivent en prenant leur propre chemin

La plupart s'effacent d'eux-mêmes
Mais le seigneur des voyages
Heureusement ne s'arrête jamais
Ni pour quiconque ni pour lui-même
Il en sera remercié sans cesse

Quand la beauté n'a plus de sens
Dans le cœur de ceux et celles qui pleurent
Sans le savoir ils se confient
Au seigneur des découvertes
Car il règne sans cesse
Et leurs regards alarmés ne suffisent plus à l'ignorer
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Dénudant les écrouelles de leurs âmes
Les sujets du seigneur des guérisons
S'approchent de lui et les lui présentent
Il les attend
Pour que son aura bienfaisante baigne leurs plaies
Elles se referment et pâlissent
Pour ne laisser que de fines traces
Qui ne seront jamais oubliées

Le seigneur des accumulations
Se fond dans leurs souffrances
Il les boit sans soif et sans fin
Jusqu'au jour où il ne le peut plus
Ses éructations bouleversent la parole attendue

Mais le seigneur des illusions
Sait aussi transformer le sang
En fleurs délicates et odorantes
Ou lui faire entonner
Le doux chant de la mélancolie
Cela semble bien suffisant
Mais lui ne le pense pas

Le seigneur des mystères
Sait toujours ce qui se cache
Dans la profondeur des secrets
Et des tremblements des âmes
Il déjoue les chausse-trapes de la raison
Il démystifie les pièges insensés

Car le seigneur des épuisements
Excave l'envie du bonheur
Perce l'attrait du malheur
Se regarde dans tous les miroirs
Force au dur labeur
Et pave les parois du tunnel des épuisements
Dont on ne ressort jamais intact

Ses sujets l'idolâtrent, le craignent
L'ignorent ou le méprisent
Mais ne comprennent jamais totalement
Ce qu'exprime le seigneur des preuves
Le sait-il lui même ?
A tout instant, il le sait
Mais il ne s'en souvient pas
Si on le lui demande

Car seul le seigneur des enfermements
Peut s'enfermer lui-même
Et son emprisonnement
Renouvelle la lente agonie de son cœur
Dont il ne ressort pas toujours intact

Submergé par le poids du monde
Le seigneur des émotions
S'étend de tout son long sur le sol
Il s'écoule et sa boue se mêle
A la poussière et aux cristaux
Jonchant le sol
Quand il se redresse
Il a été nettoyé des impuretés
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Assis au centre d'une forteresse de braises
Le seigneur des remparts
S'informe des mots
Qui le touchent
Certains lui échappent
Ou ont pris la couleur du temps

Des pieds à la tête
Le seigneur des aplombs
Modèle, forme et réforme ses intentions
Sans relâche et à sa volonté

Quand le seigneur des jaillissements
Apparait au grand jour
Ses décapitations ne sont plus qu'un souvenir
Il n'est pas un seul
Qui puisse l'empêcher de s'élever
Car il les a tous apprivoisés un instant
Et il se tient fermement debout
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Hommes et femmes se dispersent en s'éloignant du seigneur
Femme ou homme et sa seigneurie de principes
En répondant à une nécessité
La vwa du seigneur a ʁezɔne
Pour quelques instants
La cacophonie s'est transformée en mélopée
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